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Musique en ligne / Deezer: “Une révolution autour de notre site”

Alexandre Carlier

Alexandre Carlier

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Faut-il encore présenter Deezer? Les amateurs de musique en tout genre savent qu’ils peuvent trouver sur cette application web une large offre de musique gratuite à écouter en streaming quand bon leur semble. D’autant plus que Deezer est aussi disponible sous la forme d’application mobile, sur iPhone, BlackBerry ou Android.

Lors du dernier Mobile World Congress de Barcelone, nous avons rencontré Quentin Lestavel, International Product Manager chez Deezer. Il nous livre la stratégie de Deezer et les projets en cours dans une interview exclusive.

OnSoftware: Au départ, quel était le but de Deezer? Vous attendiez-vous à un tel succès?

Quentin Lestavel: A l’origine, c’était un service gratuit, uniquement en France, où Deezer a négocié avec les majors et les labels indépendants pour mettre à disposition gratuitement de la musique en streaming aux utilisateurs, en se finançant par la publicité. C’est un modèle qui nous a permis d’acquérir une bonne notoriété. Aujourd’hui, nous avons 20 millions d’utilisateurs en France. Sur 60 millions d’habitants, c’est énorme. En terme de visiteurs uniques, nous en sommes à 7 millions par mois. Ce sont des chiffres qui parlent aux annonceurs.
Nous, ce que nous voulions voulait, c’était apporter une vraie expérience musicale à l’utilisateur, aller plus loin que simplement mettre de la musique à disposition sur un site de streaming. Nous voulions créer un écosystème.
Nous avons alors eu l’idée de lancer cette offre de Deezer Premium en 2009, qui est en fait une offre multi-support. Les utilisateurs payent 10€ par mois pour avoir Deezer sans pub, en haute qualité. Ils ont aussi la partie mobile où ils peuvent retrouver leur compte Deezer sur mobile. Nous sommes sur quasiment tous les smartphones et quelques feature phones.

OnSoftware: Quelles nouveautés peut-on attendre sur le site Deezer?

Quentin Lestavel: Nous allons assister à une sorte de révolution autour de notre site. La nouvelle version sortira courant mars et sera une application complètement web-native. Auparavant, nous avions la version desktop et la version web. On va complètement oublier la version desktop et créer cette web app car nous considérons que pour être multi-marchés, il faut être intégré dans l’expérience utilisateur, c’est à dire, directement dans le navigateur.


OnSoftware: Quelle forme cela peut-il prendre?

Quentin Lestavel: Nous réfléchissons encore à ce niveau-là. Globalement, ce sera une page internet dans le navigateur. Il reste des mécanismes à mettre en place. Ce qui est important aussi, c’est d’être présent avec notre offre Premium, qu’elle reste multi-support, online et offline, en streaming et en download. Nous avons notre propre DRM. On fait ce qu’on pourrait appeler de la location de musique en téléchargement, dans le cache du téléphone. Idéal quand on n’a pas de réseau, quand on est dans l’avion par exemple.
C’est un catalogue de 8 millions de titres, et sans doute bientôt 10 millions. A titre de comparaison, Spotify, c’est 750.000 abonnés sur plusieurs pays. Nous c’est 700.000 abonnés Premium uniquement en France.

OnSoftware: C’est aussi la récompense de l’ancienneté, non?

Quentin Lestavel: En France, oui. Mais Spotify a été créé au même moment en Scandinavie et dans les pays baltes. Donc l’ancienneté n’est pas forcément le point le plus important. Ce qui est crucial pour nous et qui explique qu’on est optimistes en termes d’expansion internationale, c’est qu’on a noué un partenariat avec Orange France, premier opérateur mobile en France. Orange a travaillé avec nous pour inclure notre offre dans ses forfaits, sans frais supplémentaire pour l’utilisateur. Prenez par exemple le forfait Origami Style, qui est un forfait jeune. L’utilisateur a juste à associer son compte Orange et son compte Deezer et il retrouve sur son téléphone son offre Premium. Nous avons ainsi réussi à toucher 600.000 abonnés en 6 mois, soit 100.000 abonnés par mois ensemble. C’est énorme!
Aujourd’hui s’ils incluent un outil comme Deezer, ce n’est pas seulement pour recruter mais aussi pour améliorer la fidélité client.
Aujourd’hui, les utilisateurs Premium passent en moyenne 30 heures par semaine sur leur compte dans un espace où finalement Orange peut communiquer avec eux, 30 heures où il peut le rendre “addict” au produit. Il ne va pas avoir envie de changer de forfait parce qu’il n’a pas envie de sortir du système Deezer… et il va devoir éventuellement payer.

“Si vous écoutez les Beatles, vous n’avez pas besoin d’aller sur Deezer pour le faire”

OnSoftware: Quelle est la philosophie de Deezer actuellement?

Quentin Lestavel: Ce qui nous distingue de nos concurrents, c’est le fait que nous misions beaucoup sur la partie découverte musicale, sur la partie sociale, partage. nous sommes en train de lancer ce qu’on appelle le Live feed. Sur sa web app, on peut partager un album et envoyer la notification à un ami.
Deuxièmement, en France, nous avons une équipe éditoriale locale, comme ce sera le cas à l’étranger, qui travaille sur cette mise en avant avec des partenaires locaux comme Les Inrocks, par exemple.
Nous avons des utilisateurs qui ont leur compte, qui savent où aller chercher leur musique, qui en créent, etc. et des utilisateurs qui ne savent pas trop, qui au bout de 3 mois ont créé leur compte mais qui veulent découvrir un peu autre chose. Ils veulent qu’on leur “pousse” la musique. C’est ce que nous mettons en avant dans notre discours et c’est important vis-à-vis de nos futur partenaires. Nous avons acquis une vraie expertise musicale, une expertise marketing aussi, et c’est pour ça que nous cherchons de futur partenaires. Nous avons rencontré beaucoup d’opérateurs lors du Mobile World Congress, et avons eu de bons retours sur ce qu’on leur proposait.

OnSoftware: Ne souffrez-vous quand même pas trop de l’absence de grands artistes sur Deezer et de trop surfer sur cette partie découverte?

Quentin Lestavel: Pas tout à fait. On a quand même les 4 majors avec nous, ce qui offre quand même un beau catalogue. C’est vrai qu’il y a quelques artistes avec lesquels c’est plus difficile. Les Beatles par exemple ont signé avec iTunes (sic). De toute façon, j’ai vraiment la conviction que si vous écoutez les Beatles, vous n’avez pas besoin d’aller sur Deezer pour le faire. C’est une expérience à long terme et vous avez acheté le CD. Ce n’est pas un one shot. Sur des artistes comme ça, c’est un peu différent. Ce n’est pas le même “usage” de la musique.

OnSoftware: Deezer est déjà bien présent sur les mobiles. Y-a-t-il un OS qui vous semble plus porteur que les autres? L’accord Microsoft-Nokia, par exemple, cela vous fait tilter?

Quentin Lestavel: Ce sont des notions qu’on doit prendre en compte, évidemment, parce qu’il est très important d’être très vite intégré à Windows Phone 7. Pour être compétitif, on est obligé d’avoir ce “best coverage“. Aujourd’hui, nous avons la meilleure compatibilité mobile parce que nous sommes dans la logique de toucher tout le monde: sur Android, sur iPhone, etc.

“Avec l’offre en streaming financée par la publicité, Monsieur Nègre est bien content de toucher un pourcentage du chiffre d’affaires de Deezer”

OnSoftware: Quid de Bada, un OS discret mais déjà populaire sur le marché français?

Quentin Lestavel: Nous travaillons avec Samsung depuis un an sur une application Bada. C’était l’annonce du WMC 2011 et ca va arriver très bientôt. C’est important de travailler avec des partenaires comme Samsung. On travaille déjà avec Orange sur l’embarquement de notre application sur leurs tablettes. Nous aimerions bien être embarqué sur les téléphones Samsung à l’international, en travaillant ensemble sur une expérience plus poussée.

OnSoftware: La musique gratuite, c’est un sujet un peu sensible en ce moment. Pascal Nègre (Président d’Universal France) déclarait récemment que quand un utilisateur avait écouté 35 fois un titre, il pouvait l’acheter. N’est ce pas difficile de travailler dans ces conditions?

Quentin Lestavel: Avec l’offre en streaming financée par la publicité, Monsieur Nègre est bien content de toucher un pourcentage du chiffre d’affaires de Deezer et des autres offres. Aujourd’hui, 7 pays représentent 83% du marché de la musique. Peut-être qu’effectivement sur ces pays-là, avec le service de streaming gratuit et les offres de souscription, ca va baisser un peu, même si on espère rééquilibrer les choses ensuite. Pour autant, on peut aussi se développer sur d’autres pays et c’est très important. Ils peuvent perdre un peu sur ces 7 pays-là, mais ils ont tellement à gagner sur d’autres marchés où le piratage est énorme qu’ils vont finalement gagner plus. C’est comme ça qu’il faut voir les choses aujourd’hui.

Alexandre Carlier

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